Je sers à rien
Depuis plusieurs années, j’interviens par le biais d’une association pour développer les compétences psychosociales Educ’AT dans les écoles élémentaires, principalement dans l’Essonne et le Val de Marne.
Lors d’une intervention à Bonneuil, je me retrouve face à une classe de CE1. Leurs visages rayonnent d’amour, mais aussi une innocence troublée par des pensées que l’on imagine réservées aux adultes.
J’avais préparé cette séance en demandant à la maîtresse de lister les « croyances limitantes » des élèves, ces pensées qui entravent leur développement et les maintiennent dans l’inaction. Ces phrases peuvent nous suivre toute notre vie.
Celles telles que « je n’y arriverai jamais » émaillent souvent ces listes.
Je lis à haute voix et écris chaque phrase au tableau en demandant à celles et ceux qui pensent la même chose de lever la main.
« Je sers à rien » apparaît soudain.
Quel enfant aurait pu écrire ça ? À ma grande surprise, plus de la moitié de la classe lève la main.
Les mots ont une force particulière pour les enfants, dont la perception diffère souvent de celle des adultes.
Il est pourtant crucial de leur expliquer comment ces mots peuvent influencer leurs actions et leurs comportements.
C’est là que commence le véritable apprentissage, dès le primaire. La première étape est la prise de conscience : leur faire réaliser l’impact de leurs pensées sur leur vie, leurs actions et leurs comportements.
Ensuite vient la répétition, comme un mantra qu’ils doivent s’approprier, comme un alphabet récité par coeur.
Enfin, vient l’action, car comprendre ne suffit pas, il faut agir.
Et, à votre avis, quelle est l’action que nous leur avons conseillée ? C’est là que réside le cœur de notre enseignement.